Exemple de posture acquise naturellement

11 juillet 2019 par Nicolas Féroul

C’est l’histoire d’un adolescent participant à une séance d’un cours collectif de guitare suivi par trois autres apprenants. L’un des participants se trouvait dans la tourmente au sujet des accords dis « barrés » (un doigt appui sur plusieurs cordes en même temps). Il était dans l’incapacité (et nous sommes tous passés par là) de produire un accord barré qui veuille bien se donner la peine de sonner. Les cordes ne vibraient correctement que de façon parfaitement aléatoire et jamais toutes en même temps.

Pour répondre à son désarroi, le professeur de guitare présent lui demanda d’observer la position des pouces sur les manches de deux de ses camarades de cours qui savaient faire (et dont l’adolescent faisait parti). Il put ainsi remarquer que, chez eux, les pouces de la main gauche se trouvaient plus ou moins au milieu des manches de leurs guitares. L’élève au problème de barré se mit donc immédiatement à imiter ces camarades en descendant son propre pouce gauche vers le milieu du manche. La conséquence en fut des notes qui ne sonnaient toujours pas et une position tordue de la main particulièrement inconfortable. Le professeur tenta alors une correction en lui indiquant que le problème ne venait pas du pouce lui-même, ou plutôt de sa position sur le manche, mais du fait que son poignet gauche n’était pas « cassé », contrairement à ses deux camarades : « si tu casses le poignet, ton pouce se retrouvera au milieu du manche » (citation d’après souvenir). Sur ce, notre élève au problème de barré s’exécute et tente de casser son poignet gauche avec comme conséquences un pouce qui part de biais vers la gauche en haut, une douleur vive au poignet comme si on voulait détacher sa main de son bras et des notes qui se refusent toujours autant à vouloir sonner.

Tournons nous maintenant vers notre adolescent qui jusqu’à présent n’était qu’un observateur passif très fier de lui parce qu’il était l’un des deux participants qui savaient passer un barré. Sa fierté était d’ailleurs redoublée par un fait en particulier, c’est qu’il avait réussi à trouver comment se positionner pour jouer un barré sans qu’on ne lui ait jamais rien expliqué. Il avait non seulement trouvé tout seul mais il ne se souvenait absolument pas comment. Et même plus, il ne s’était rendu compte de la position de son pouce qu’au moment où le professeur faisait la remarque à celui au problème de barré. Il s’était ensuite rendu compte du poignet cassé (mais pas trop quand même parce que sinon cela fait mal) une fois la remarque du professeur à ce sujet réalisée. Et il y a mieux encore ! L’adolescent, à la fin du cours, posa une question à l’autre camarade qui savait passer un barré. Il voulait savoir si elle (c’était une fille) s’était rendu compte de sa propre position poignet cassé et pouce à peu près au milieu du manche et si elle savait comment elle en était arrivée là. Elle lui répondit qu’elle avait remarqué son pouce mais n’avait pas fait attention à son poignet, qu’elle ne pensait pas que cela puisse avoir autant d’importance et qu’elle n’avait pas souvenir de comment la position s’était déclenchée.

Quelles conclusions tirer de cette petite histoire ?

. D’abord que décrire ou demander d’observer une posture ne permet pas en soi à un apprenant de trouver cette fameuse posture.

. Ensuite qu’il n’est absolument pas nécessaire de décrire ou d’observer une posture pour en trouver une parfaitement adaptée.

. Enfin, et c’est le plus important, il n’est aucunement besoin de la conscience pour déterminer un positionnement adapté. Les postures que l’on prend sont en réalité trop fines ou trop complexes pour être appréhendées consciemment. C’est pourquoi l’élève au problème de barré n’a pas trouvé de réponse pendant le cours. La procédure mise en place par le cerveau est de nature automatique (par opposition au conscient) et est le fruit d’une réponse à un objectif déterminé préalablement. Nous avons compris plus tard que, dans notre cas, cet objectif avait certainement été de garder l’index gauche (le doigt qui faisait le barré) en position aplatie. Notre effort de concentration portait uniquement sur ce point là. Le poignet « cassé », c’est à dire le bras qui « avance sous le manche », a été le résultat du travail cérébral inconscient visant à garder l’index à plat sur les cordes. Autrement dit, la posture est une réponse automatique à un objectif déterminé en amont. Conserver l’index à plat sur les cordes induit des mouvements du bras qui se réalisent « seuls » (on pourrait dire « en arrière plan »), et c’est cela acquérir une posture naturellement. Copier son positionnement de barré sur quelqu’un c’est vouloir adopter une position qui n’émane pas de nos propres besoins. Ce qui importe ce n’est pas la posture elle-même mais le cheminement qui nous amène à elle.

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